Après un week-end chargé et assez riche en émotion – je devais bien l’admettre –, cette nouvelle semaine débutait plutôt calmement, ce qui était peut-être un soulagement, car cela me permettait de recharger mes batteries après ce week-end durant lequel je n’avais pas beaucoup dormi, mon cerveau fonctionnant H24, mais me paraissait également très étrange, car cet arrêt soudain d’activités quelles qu’elles soient me donnait presque la même sensation d’une voiture de course lancée à pleine vitesse se stoppant tout à coup brusquement, sans raison apparent. Sauf que moi, je connaissais la raison de ce calme après la tempête, comme je pouvais le définir : il n’y avait aucune affaire intéressante qui soit assez digne que je m’en occupe.

Voilà pourquoi j’avais quitté le commissariat plus tôt, sachant que, de toute façon, s’ils avaient réellement besoin de moi pour une de leurs enquêtes, ils savaient comment me contacter – ce qu’ils ne se gênaient pas pour faire d’habitude. Ayant à présent l’après-midi entière de libre devant moi, j’avais décidé de profiter de ce temps libre pour promener moi-même Sam, mon magnifique berger australien que j’adorais par-dessus. D’ailleurs, s’il avait la faculté de parler, il pourrait se vanter sans problème d’être le seul être vivant sur cette Terre à avoir obtenu tout mon amour – à l’exception de ma mère, bien sûr, à laquelle je rendais visite régulièrement à Pasadena. Mais c’était justement ce que j’aimais chez lui : le fait qu’il ne puisse pas m’inonder de paroles inutiles, comme pouvaient le faire certains, et d’obéir à la lettre aux ordres que je lui donnais. Si Clayton était aussi obéissant, je pourrais peut-être l’adopter, qui sait !

Je secouais frénétiquement la tête dans le but de m’enlever ce salopiaud de mes pensées quand, soudain, je sentis Sam tirer sur sa laisse. Je jetai un coup rapide en direction de cette distraction et remarquai Hinata, assise sur les marches de l’entrée de l’immeuble.

- Bonjour ... comment allez-vous ? me salua-t-elle poliment, tout en caressant mon chien qui semblait apprécier l’attention.

- Bonjour, grognai-je en retour, peu enclin à faire la conversation. Bien et toi ?

Je n’avais répondu et retourner la question simplement par politesse, car – et c’était peut-être insensible de penser cela – je me fichais bien de savoir si la jeune fille allait bien ou pas, bien que son air préoccupé attisa mon intérêt – mais uniquement parce que j’étais trop curieux ! N’allez pas croire que je pouvais m’intéresser aux potentiels problèmes que la Japonaise pouvaient avoir !

- Comme si ça vous intéresse, grommela-t-elle dans son absence de barbe.

Elle ne semblait vraiment pas d’humeur à parler de quoi que ce soit aujourd’hui – ce qui d’un côté m’arrangeait énormément étant donné mon absence de facilité à communiquer avec autrui (en particulier, les jeunes filles de son âge), mais d’un autre côté, ça en était plutôt inquiétant venant d’elle puisque cela n’était généralement pas dans ses habitudes d’être aussi fermée. Bien au contraire ! Normalement, la très jeune Japonaise se montrait plutôt ouverte et amicale, donc le fait qu’elle se comporte de cette manière à cet instant me mit la puce à l’oreille quant à sa réelle humeur dont elle pensait que je me fichais – ce qui n’était pas entièrement faux, à vrai dire…

- Vous avez passé une bonne journée ? me demanda-t-elle tout de même poliment, après avoir gentiment poussé Sam de ses genoux afin de se relever.

- Comme si ça t’intéressait, l’imitai-je à mon tour, me doutant pertinemment qu’elle n’était pas d’humeur à m’écouter parler de ma journée pratiquement vide de toute façon.

Je tirai alors un peu sur la laisse de mon chien, m’apprêtant à rentrer chez moi où personne ne me ferait chier avec ses problèmes, mais la tête de la jeune fille me fit un peu pitié et, dans un long soupir, je décidai tout de même de me forcer à m’enquérir de sa santé.

- Tu es sûr que tout va bien ?